Le tutorat entre pairs implique que des individus semblables et n’étant pas des enseignants professionnels, s'entraident pour apprendre, tout en apprenant eux-mêmes en enseignant (Topping, 1996). Cette forme de tutorat peut être réalisée entre individus du même âge ou entre individus d’âge différents.

La revue de littérature conduite par l’Education Endowment Foundation (EEF) sur le tutorat entre pairs conclut que cette intervention a un effet positif sur les élèves, mais elle inclut un grand nombre d'études de faible qualité. Parmi les 18 études publiées depuis 2010 incluses dans la revue de l'EEF :

• Seules sept concluent à un effet positif du tutorat entre pairs. Ce qui souligne que la littérature scientifique disponible depuis 2010 est contrastée concernant l'efficacité du tutorat entre pairs ;

• Sept études sont des thèses non publiées ;

• Six études sont de faible qualité, se basant sur des échantillons de deux à six grappes ;

• Trois études avec des approches méthodologiques plus rigoureuses fournissent des résultats contrastés concernant l'effet du tutorat entre pairs. Deux de ces études (Lloyd, 2015a et 2015b) ne permettent pas de conclure à un effet positif du tutorat entre pairs. La troisième (Tymms et al, 2011) trouve quelques résultats positifs, qui ne sont cependant pas robustes en prenant en compte le test d’hypothèses multiples.

En plus de la revue de l'EEF, un examen rapide des méta-analyses sur le tutorat entre pairs incluses dans "Visible Learning" de Hattie (2023) invite à être prudent avant de tirer des conclusions de ces revues :

• En moyenne, les tailles d'effet moyennes élevées rapportées semblent peu plausibles, surtout lorsqu’elles sont comparées aux effets bien documentés du tutorat "standard" mené par des enseignants professionnels ;

• Un grand nombre de ces méta-analyses sont anciennes ;

• Certaines méta-analyses ne traitent pas uniquement du tutorat entre pairs. Elles incluent également des évaluations d’impact de programmes faisant appel à des tuteurs adultes ou ne distinguant pas le tutorat entre pairs de l'apprentissage en groupe ;

• Plus important encore, il est difficile de comprendre dans quelle mesure ces méta-analyses contrôlent la qualité des études qu’elles incluent, qui semble être généralement faible.

Une étude plus récente évalue un programme de tutorat entre pairs d’une durée de huit mois, mis en oeuvre en Chine rurale, et trouve des effets positifs sur les scores en mathématiques des apprenants (0,1 à 0,2 écart type), mais aucun effet sur les scores en lecture ni sur les résultats des tuteurs (Behrman et al., 2020).

Au regard de cet état des lieux, des études expérimentales rigoureuses sont nécessaires pour tester l'efficacité des différentes modalités de tutorat entre pairs. Dans ces études, le tutorat entre pairs pourrait être comparé à un groupe témoin sans tutorat entre pairs et/ou à des formats alternatifs de tutorat.